Mes amis, mes collègues, ma famille… enfin bref, tout le monde est toujours surpris que je sois un grand amateur de vins mais me cantonne aux blancs. L’idée est encore malheureusement très répandue que les blancs ne sont qu’une porte d’entrée aux vins rouges, une manière d’appâter l’apprenti-oenologue, un peu comme on cache les légumes aux enfants en les proposant panés ou en purée. Si les blancs ne sont qu’une porte, alors je suis parfaitement bien sur le seuil. Et je pense qu’on peut réellement être amateur de vin sans jamais passer au rouge. Cette idée reçue est du même ordre que celle consistant à voir dasn la bande dessinée un sous-genre de littérature. Mais je m’égare. Cette semaine, je voulais vous faire découvrir deux vins (blancs, donc) que j’ai dégusté lors de mon dernier cours d’oenologie : le Grüner Veltliner Smaragd M qui nous vient d’Autriche, et le Vin d’Autan, plus proche de nous. J’ai sélectionné ces deux vins parmi tous ceux dégustés, autant pour leurs qualités gustatives que pour leur prix (j’ai toujours refusé de mettre une fortune dans une bouteille : je considère qu’au-delà d’un certain montant, cela tient plus du snobisme que du plaisir des papilles). Le Grüner Veltliner était un 2001. Ce vin domine à mon sens d’une bonne tête les autres vins blancs autrichiens par sa grande production de vins frais, vifs et faciles à boire. Il peut néanmoins, entre de bonnes mains, donner des vins d’une puissance et d’une personnalité authentiques. Franz Xaver Pichler, «F. X.», est de loin le plus grand producteur de la Wachau et sans doute d’Autriche. M, qui signifie Monumental, a été produit pour la première fois en 1991. Il provient d’une remarquable barrique de Grüner Veltliner, dotée d’un supplément de goût (recherché délibérément par la suite). Les raisins sont vendangés 2 ou 3 semaines après les vins issus de vignobles individuels. La particularité de M, spécialement lors de grandes années (comme 2001), est le contraste entre la sécheresse et l’acidité d’une part et l’extrait et la complexité d’autre part. Plusieurs grammes de sucre résiduel (maximum permis 9 g/l) et une grande teneur en alcool contribuent à cette impression de demi-sec. Cela, allié à la densité du goût, suggère que le vin s’accommode avec des mets relativement riches, ou du moins au goût prononcé, tels que raviolis chinois ou crevettes piquantes. Je me fais fort de vous le confirmer ou de vous l’infirmer sous peu. Le second vin que je vous ai sélectionné était un Vin d’Autan, un vin blanc doux cette fois. Le millésime dégusté était 2005, à boire entre 2010 et 2030. Outre sa saveur, ce vin-là a aussi une histoire : celle de propriétaire. Robert Plageoles s’est effectivement donné une mission : reconquérir l’héritage presque perdu de la région de Gaillac, non seulement les cépages locaux (menacés d’extinction sous l’assaut de cépages «internationaux» plus familiers), mais aussi la méthode utilisée pour produire toute une gamme de styles de vins. Andrew Jefford le décrit comme un « archéologue viticole ». Le Vin d’Autan est issu du cépage local Ondenc (Plageoles réalise aussi une version en sec, mais je n’ai pas goûté à celle-ci). Le vin est fait en permettant aux raisins de flétrir sur pied dans le vent chaud de l’automne, un procédé qui est accéléré en épinçant les grappes (pour supprimer la circulation de sève). Cette méthode produit de minuscules rendements (habituellement 0,2 t/ha). Les raisins sont ensuite encore séchés sur des nattes de paille, puis fermentés et élevés dans des cuves en béton pendant douze mois. Ce vin ressemble, dans le style, au Tokay, avec des notes oxydées contrebalancées par une brillante acidité et une douceur intense sans être dominante. En bouche, on décèle des notes de pomme, de coing et de noix. La finale est mielleuse, mais l’acidité vive maintient le tout frais. Un pur délice pour les amateurs de vins blancs doux. Ce cours d’oenologie s’est avéré être un excellent cru avec la découverte de ces deux vins. Pour en savoir plus, je vous recommande la lecture du site internet sur cette activité de cours d’oenologie qui est très bien élaboré sur ce thème.
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