C’est marrant, quand j’y pense. Il y a quelques années, lorsque mon employeur me présentait le prochain challenge commercial, j’avais tendance à grincer des dents. Au fil des années, j’ai travaillé pour plusieurs entreprises qui savaient davantage jouer du bâton que de la carotte. Dans ces boîtes, on nous demandait de nous donner à fond mais donnait très peu en compensation. On se retrouvait donc à se donner à fond durant des mois pour avoir droit à un panier garni, très peu pour moi. La firme pour laquelle je travaille désormais semble cependant avoir être un peu mieux formée au management. Parce que quand elle propose un incentive, la rémunération est proportionnelle à l’effort demandé. Et ça, ça change tout. Du coup, c’est avec plaisir que je reçois le prochain incentive, et je me donne à 200 %. C’est comme ça que, l’année dernière, j’ai déjà remporté un iPhone, des Wonderbox (que je déconseille, au passage), des places VIP pour des matchs de foot… Si je me satisfaisais déjà de ces cadeaux, il y a quelques semaines, j’ai cependant gagné la timbale : un voyage de 4 jours en Egypte ! Au départ, je dois avouer que je n’étais pas très inspiré à cette idée. J’aurais préféré partir en voyage avec ma femme. Parce que voyage avait lieu entre collègues, bien entendu. Le postulat m’ennuyait pas mal. Un voyage entre collègues, ce n’est pas véritablement du boulot, challenge commercial mais c’est quand même loin d’être des vacances. On ne se conduit pas au travail comme on se comporte à la maison. Il faut jouer un rôle, celui du mec qui s’amuse car il est loin du bureau… tout en prenant quand même attention à son comportement, car les autres sont là. Du moins, c’est ce que je pensais avant de m’y rendre. Une fois arrivé, je me suis surtout pris conscience qu’un trip entre collègues, parfois, ça permet tout autant d’être naturel. Mais d’un naturel un peu différent de celui qu’on a avec sa femme. J’ai perdu quelques neurones durant ce voyage, mais je dois dire que ça fait quand même du bien. Je craignais un peu que les activités organisées sur place soient une compilation d’activités faussement exotiques. Vous avez déjà sans doute subi un tel moment : vous vous retrouvez embarqué dans une activité où vous avez l’impression d’être dans un usine à gaz du tourisme. J’ai déjà eu l’occasion de vivre ce genre de moment lors d’un voyage avec ma femme, et ça ne m’a vraiment pas plu. Mais mon entreprise a, là aussi, su faire preuve d’intelligence : elle a fait appel à une agence événementielle qui a tout organisé de bout en bout, et nous a proposé un séjour vraiment authentique. Si le programme a été vraiment chargé (c’était loin d’être reposant), ça a été un vrai bonheur : ce n’était pas un séjour touristique (le colon venant s’amuser chez les indigènes), mais d’un séjour authentique où nous avons non seulement découvert la culture locale mais également échangé avec les habitants et les autres collègues. Je craignais surtout de ne pas apprécier les activités proposées sur place. Vous savez, le genre d’activité qui semble avoir été préparée par un moniteur de colo qui n’a pas compris qu’il avait affaire à des adultes. La direction a fait d’une pierre deux coups, sur ce coup-là : elle a non seulement fait des heureux parmi ses salariés grâce à ce voyage et a aussi permis à ces derniers de resserrer leurs liens. C’est depuis ce voyage que je me dis que je suis finalement arrivé à destination. Pendant une longue période, j’ai changé de boîte comme de chemise. Aujourd’hui, je ne regarde même plus ailleurs. Et vous savez quoi ? Ca fait du bien, de se sentir en paix.
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