Une pauvreté monétaire en ville et une précarité des conditions de vie en périphérie


Les ménages urbains disposent d’un montant médian de ressources bien plus faible que les ménages périurbains et ruraux. Ces disparités s’observent aussi bien sur le revenu total du ménage que sur le niveau de vie. Les ménages urbains en Île-de-France sont particulièrement démunis : avec une médiane de 370€, leur niveau de vie est près de deux fois plus faible qu’en zone périurbaine ou rurale (640€ environ). L’écart se réduit en revanche pour les ménages des pôles urbains des autres régions (511€). Cette richesse relative des ménages ruraux est quelque peu en contradiction avec les observations de l’Insee. Ces résultats masquent toutefois des inégalités au sein du monde rural entre des communes isolées bien plus pauvres et des communes sous influence urbaine, à la frontière du périurbain et en moyenne plus aisées. En conséquence, la part des personnes rencontrées qui vivent au-dessous des seuils de pauvreté est plus importante en milieu urbain, et ce quel que soit le seuil considéré. De manière remarquable, respectivement près des trois quarts et plus des deux tiers des ménages d’Île-de-France et des autres pôles urbains se trouvent sous le seuil à 40%. C’est le cas d’un peu plus de la moitié seulement des ménages périurbains et ruraux. Par ailleurs, les taux de pauvreté ont régulièrement augmenté en milieu urbain au cours des dix dernières années et de manière plus marquée en Île-de-France. À l’inverse, se présente au Secours Catholique dans les zones périurbaines et rurales une part graduellement plus importante de personnes vivant au-dessus des différents seuils de pauvreté. Ce phénomène résulte notamment d’une plus forte croissance du niveau de vie des ménages périurbains et ruraux au cours des cinq dernières années (+ 4,8% et + 3,0% respectivement), alors que le niveau de vie des ménages urbains a eu tendance à augmenter moins vite, voire à chuter en ce qui concerne l’Île-de-France (- 12,4%). La hausse de la proportion d’étrangers sans aucunes ressources disponibles l’explique en grande partie. Si ces derniers ne sont pas comptabilisés, on constate que le niveau de vie médian des ménages d’Île-de-France a également crû, mais toujours moins rapidement qu’ailleurs, ce qui fait écho à la polarisation des situations décrite dans le profil général. En outre, ce constat soulève la question de la multidimensionnalité de la pauvreté en milieu rural et périurbain ou d’une définition purement monétaire de la pauvreté moins adaptée à ces territoires. C’est la précarité des conditions de vie et surtout le poids des charges, couplés à des ressources moins faibles mais toujours insuffisantes, qui peuvent pousser ces personnes à faire appel au Secours Catholique.


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